Un incident comme il en fut d’autres…
Depuis deux ou trois jours, on nous ratiboise les oreilles de noms d’oiseaux, d’oiseaux pas bien fréquentables d’ailleurs. Quand c’est chez ceux d’en face, on rigole. Ben tiens, vous croyez qu’ils se gênent, eux pour nous clouer au pilori ? Quand c’est chez nos anciens amis, et pour un bon peu d’entre eux encore nos camarades, sinon de liste, du moins d’idées… Oui, j’ai bien dit pour un bon peu !, pour ceux-là donc, nous serions plutôt catastrophés. Pour ne pas tergiverser, ce qui vient de se passer au Parti socialiste nous laisse rêveurs. En gros (non, ce n’est pas une attaque sur le physique. Pourquoi, ça y ressemble ?!), le potentat de Languedoc-Roussillon s’est une fois de plus laissé aller à un dérapage incontrôlé. Dans sa légèreté coutumière, il a laissé entendre que Laurent Fabius n’avait pas « une tronche très catholique ». Vous je ne sais pas, mais ici, pas très catholique, on voit à peu près ce que ça recouvre. Frêche (tiens, à propos, en patois de par ici, frech, ça veut dire effronté), on le connaît. S’il s’était reconverti dans la dentelle, ça se saurait, non ? Nous on avait plutôt de la sympathie pour Laurent Fabius, même que, sa campagne, Canteleu, tout ça, on avait largement mouillé les chemises. Bon, voilà que le Frêchus imperator balance des propos à fort relent antisémite, même s’il s’en défend à tue-tête. Alors, allez-vous dire ? Oui, justement, alors… Eh bien, même si c’est Laurent qui est attaqué, même là, on a comme un vieux fumet d’opportunisme qui rapplique. Tout ça à 6 semaines du 1er tour. Bizarre… Vous avez dit bizarre ? Voilà tout le chœur des vierges effarouchées qui s’y colle. Et que Frêche est rien qu’un malotru, un vilain pas beau (oui, ça…), un méchant et le toutim. Et que Fabius ne méritait pas ça. Là-dessus on est bien d’accord. Là où ça nous chatouille davantage, c’est que Frêche, ce n’est pas la première fois qu’il pousse le bouchon. Les gars en short trop bronzés à son goût, les harkis, son adjoint à qui il veut faire subir une opération définitive. Rien que du fin, du délicat, comme on le sait. Non, ce qui nous chiffonne, c’est que jamais, ou si peu, on n’a entendu les socialistes se rebeller de cette façon. Ça va passer pour du mauvais esprit, vous croyez, si je dis que juste un mois avant le début de la campagne, ça laisse à réfléchir… Et basta, qu’on me dise donc que je suis mauvaise joueuse ! Quand on a fréquenté suffisamment longtemps les allées de ce parti-là, on sait très bien que le résultat du vote interne en novembre 2006, y avait pas que du blanc-bleu non plus. Moi qui vous cause, j’en ai entendu des petites phrases assassines contre le même Fabius, aussi bien que contre DSK d’ailleurs. Des petites phrases qui tintaient trop étranges aux oreilles. Et là, il n’y avait pas grand monde pour s’émouvoir. Qu’est-ce qu’elle a attendu, Martine, pour faire le ménage plus vite ? Par exemple lorsque Ségolène allait lui claquer le bisou, au patron pas poli de Septimanie ? Voilà que maintenant en catastrophe, on va te propulser la maire de Montpellier, qui n’en demandait pas tant, en tête de liste. En espérant bien sûr que les électeurs auront saisi le message : regardez-nous bien, nous sommes des politiques responsables, prêts à perdre un scrutin plutôt que de perdre leur âme, mais si vous êtes bien gentils, votez donc pour nous, qui sommes si pointilleux avec l’éthique idéologique… Un peu tard, disions-nous…
brigitte blang pg 57