1er mars 1963 : début de la grande grève des mineurs
Un an que la France n’est plus en guerre. En mars 63, la grève des mineurs sonne la reprise des revendications ouvrières.
Depuis des mois, les syndicats réclament des négociations : rattrapage de 11% sur les salaires gelés depuis 6 ans quand on leur en offre 5, 4ème semaine de congés, 40 heures… Mais Pompidou, alors premier ministre, oppose son veto à la direction des Charbonnages. Le bras de fer s’engage. Au mot d’ordre des mineurs : « Pas de sous, pas de charbon ! », De Gaulle répond « Réquisition ! ».
La grève est totale. Tous les bassins sont touchés. Les cadres, les ingénieurs, les femmes, les commerçants, la fonction publique, l’EDF, la métallurgie, tous sont solidaires et le mouvement s’étend. Même à l’étranger, l’aide aux gueules noires s’organise. Des familles accueillent des enfants en vacances. Des collectes s’ouvrent un peu partout dans le pays. Ce qui n’empêche pas le pouvoir d’envoyer les CRS sur tous les carreaux, pour faire face aux piquets de grève. Les mineurs ne sont pas gens à trembler devant les uniformes ! Confronté à leur détermination, Pompidou va accepter de former un comité de négociations, un conseil des sages. En vain. La déception est grande chez les travailleurs en lutte. Qui mettent en route d’énormes manifestations. On marche dans tous les bassins, mais aussi vers la capitale, où 2000 Lorrains vont expliquer aux Parisiens pourquoi ils ne cèderont pas. L’obstination du pouvoir qui rend les grévistes responsables de tous les maux du pays et la remise en usage d’un décret applicable en temps de guerre ne font pas avancer les débats.
Fin mars, les mineurs refusent les 8% d’augmentation proposés. Le gouvernement va plier. Ce seront 11% et 24 jours de congé, pour 37 jours de lutte. Le 5 avril, ce sont des vainqueurs qui reprennent le chemin des puits. L’honneur est sauf. Même si les acquis vont mettre du temps à devenir réalité.
Le pouvoir ne s’avoue pas vaincu. En juillet, une loi interdisant les grèves surprises dans le secteur public est votée. Puis, ce sont les salaires que l’on vise par un mécanisme de blocage.
De Gaulle a tombé le masque. Aux justes exigences des travailleurs, il ne répond que par la réquisition, la menace et la répression. Et c’est sur ce terreau que s’installent les rancœurs qui préparent mai 68.
brigitte blang