Voilà la fin de l’année qui se pointe. Demain, on aura tourné la page. Une année à oublier vite vite, si on peut. Sur tous les médias, on a droit à tous les flash-back possibles et imaginables : musique, chanson, ciné, bouquins, nouveau président, nouveau divorce, nouvelle candidate, bref, tout ce qui a pu faire qu’on a envie de se barrer loin, loin, très loin de tout ça. On va avoir droit aussi, évidemment, aux hommages divers et variés aux « grands disparus ». On a déjà donné, ici : depuis Jean-Pierre Vernant, jusqu’à Lucie Aubrac, en passant par l’ Abbé Pierre, à chaque fois, on s’était fendu d’un petit mot. Mais, depuis, il y en eut d’autres et non des moindres. Dans la rubrique nécrologie, nous sont tombées dessus, la semaine dernière, deux nouvelles pas drôles du tout.
Côté musique, jazz, pour être complète, Oscar Peterson, le grand parmi les grands. Pianiste de génie, militant infatigable des droits des noirs, rien que son nom, tu rêves. Et pour peu, qu’en plus, Jonasz s’en mêle… « Un peu parti, un peu naze… » tu y es, tu descends toi aussi dans
Je vous les livre par petits bouts, en plusieurs épisodes, on dira. Et d’abord, un tour en Corse (coucou Hélène …), parce que José Corti, le libraire, l’éditeur, l’ami, il était de descendance corse, justement. Plus tard, on ira ailleurs, vous verrez, sympa aussi, même que pendant la guerre, il est venu par ici, à Keskastel, car ce n’est pas pour nous vanter, mais par chez nous, on a des patelins qui s’appellent comme ça… Pouvez pas en dire autant, bande de Parisiens !
Ajaccio : plage de l’Ariadne. Nous quittions la ville le matin par le car ; nous établissions nos quartiers dans un petit bar de la plage. On y déjeunait sans apprêts à midi sur le sable, à l’ombre d’un grêle parasol, mais excellemment, de poisson grillé et de fruits, dans le bourdonnement des guêpes de la canicule. Le pick-up de l’établissement, qui s’activait de bonne heure pour toute la journée ouvrable, ne disposait que de quatre ou cinq disques, entre lesquels repassait chaque fois rituellement, comme l’hymne national à Londres après le film, L’Ajaccienne chanté par Tino Rossi.
L’en-enfant prodigue de la gloi-âre
Napoléon ! Napoléon !
Lannes, Murat, l’état-major
Vers la fin de l’après-midi, le ciel pâlissait lentement derrière les montagnes dont la chaîne de l’autre côté du golfe, s’enfuyait obliquement vers le sud-ouest, mais la chaleur restait assise sur les collines et sur la mer, inaltérable ; nous revenions " lassés, mais non rassasiés ", de soleil, de scintillements et de fraîcheur- le refrain obsidional de L’Ajaccienne dans nos oreilles finissait par associer malgré nous le nom du Corse solaire, né le jour de