De bien gracieuses nouvelles nous tombent sous les bésicles. Le président est le héros d’un livre. Encore un ! vous entends-je ronchonner dans le secret de vos bureaux de moins en moins enfumés. Oui, on confirme, encore un. Mais un de ceux qui ne cassent vraiment pas trois pattes à un canard, puisque c’est Yasmina Reza qui l’a commis celui-là. On peut lui faire confiance, ça ne nous fera pas un Goncourt, et encore moins l’Académie Française ! On a bien dit Yasmina Reza. Pas Yasmina Khadra, un tantinet plus iconoclaste, de l’autre côté de la Méditerranée. Reprenons : un écrivain à la mode suit un candidat président (à la mode lui aussi) pendant son apprentissage. On nous raconte plein de trucs aussi inintéressants les uns que les autres, au milieu desquels soudain, on nous livre une info, une vraie : cet homme-là n’est pas très sympa. Il est même carrément antipathique. Tu parles d’un scoop ! vous entends-je encore une fois maugréer dans le silence de votre séjour estival (sur la fin, le séjour…) On confirme encore. Mais cette fois, on a des arguments. Voyez plutôt : il est en visite en Bretagne. Bon, on veut bien, la Bretagne, ce n’est pas Neuilly, encore que pour les bains de mer, ce soit plus pratique ! Mais quand même, là, il se lâche, le presque élu. On est le 1er mai. Il est venu rendre « hommage à la France qui travaille ». Comprenez à la France qui se lève, pas comme certaines feignasses qui se gobergent, suivez son regard, etc. Ça se passe au Cross Corsen à Plouarzel, dans le Finistère. Tout le monde est bien content. Eh, dans cinq jours, il est à l’Élysée, le gars. Seulement, hors champ, c’est une autre chanson. On vous cite le propos dans le texte, manque pas une virgule : « Qu’est-ce qu’on va foutre dans un centre opérationnel sinistre à regarder un radar ? Qui a eu cette idée de demeuré ?... Je me fous des Bretons. Je vais être au milieu de dix connards en train de regarder une carte ! (...) Derniers jours de campagne dans une salle à voir une carte ! Grand sens politique vraiment !... » Le « demeuré » en question n’est autre que son directeur de campagne. Sympa ! Les « dix connards », ce sont les guetteurs du Cross Corsen. Bien aimable, merci ! Quant aux bretons, dont « il se fout », ils vont apprécier aussi, et ne pas regretter leurs votes, c’est sûr. Pour les gens de Plouescat, là où il est allé rejouer la grande scène de la compassion, la semaine dernière, aux obsèques d’un marin péri en mer, peut-être bien que la prochaine fois, ils feront appel à un autre penseur pour honorer leur copain. Le voilà, le vrai président. On se disait bien qu’il était trop poli pour être sincère, mais à ce point. Et puis manquer de professionnalisme au point de ne pas voir le magnéto qui tourne, c’est léger, presque du Jospin dans l’avion rhabillant Chirac ! Et puis surtout, un type à qui 53 % de Français confient leur avenir et qui fait un caprice de gamin parce qu’on l’emmène visiter un radar. Il voulait quoi ? Être invité au défilé ? Qu’on lui paie une glace et un chichi ? Participer au Fest Noz ? Danser une gavotte avec la reine de Cornouailles? Et en effet, si on voit la photo, il a l'air de trouver l'affaire passionnante! D'autant que dans les dix connards, il y a sa ministre de l'environnement, c'est raffiné, comme déclaration...
Encore vite une dernière constatation : on nous avait bien dit que tout allait s’arranger, avec lui, non ? Et vous, comme moi, vous y aviez cru, non ? Or, écoutez bien la radio, depuis 4 jours, à Osaka, pas une médaille, pas ça, pas la moindre breloque… En pilou, les guibolles des athlètes… Qu’est-ce qu’il a attendu le DTN (directeur technique national, pour ceux qui n’ont pas le son Eurosport !) pour l’engager, il aurait sauvé l’honneur, notre héros intersidéral. Au rythme où il s’entraîne, pouvaient s’aligner au départ les États-uniens, ils auraient vu de quel bois on les chauffe, nous, les podiums, avec notre Super Président… Ah ! Si on avait encore Guy Drut…
brigitte blang prs 57