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le blog de brigitte blang

l'actualité politique vue par une militante du parti de gauche.


édito

Publié par prs 57 sur 12 Juillet 2007, 12:57pm

Catégories : #à gauche - toutes !

L’ère du possible

Ce dernier éditorial avant les départs estivaux achève l'année scolaire sur une note incertaine. On ne peut dire pour l’heure laquelle dominera à la rentrée des deux tendances simultanées qui travaillent la gauche : poursuite de la décomposition d’un côté, premiers signes de reconstruction de l’autre.

Commençons par la décomposition. Les débauchages et autres manœuvres visant à désarticuler l’opposition socialiste fonctionnent à plein. Elles commencent à produire leur effet, au-delà des ralliés, dans le gros de la troupe. Désarçonnés par ces désertions, KO debout, d’éminents socialistes sont désormais convaincus que l’urgence est d’en rabattre dans leur opposition à la droite. En témoignent les déclarations convergentes de Royal, Collomb, Valls, Lang… qui rivalisent de formules pour réclamer une opposition modérée. Des socialistes rendent hommage à Sarkozy dans la presse, d’autres affaiblissent par avance toute opposition résolue en prétendant qu’elle serait politicienne. Tous rendent les armes au moment même où Sarkozy conduit une offensive brutale au Parlement, avec les lois sur les peines planchers, l’autonomie des universités et le service minimum, met en œuvre la suppression de la cartescolaire, viole le « non » des Français avec son nouveau traité européen et ne renonce en rien à son idéologie libérale-sécuritaire. On pourrait faire la liste de ces innombrables petites capitulations. N’en retenons qu’une : le refus de s’opposer au cœur du projet de loi sur les universités. Celui-ci n’est pas la sélection en master, c’est l’autonomie comme moyen de mise en concurrence des établissements. Car les néolibéraux n’ont nul besoin de revenir sur la démocratisation de l’accès à l’université. Ils atteindront le même résultat par l’explosion des inégalités entre établissements, qui conduira de fait à une inégalité entre diplômes. D’autant que cette autonomie ouvre la voie à un futur grand marché de l’enseignement supérieur, nouvelle source de profits où régnerait la « concurrence libre et non faussée » et où toute règlementation nationale apparaîtrait comme une survivance archaïque.

Mais on perçoit aussi les ferments de la recomposition. Nous sommes très frappés de l’intérêt suscité par notre proposition d’une force nouvelle à gauche, présentée dans ces colonnes la semaine dernière. Les très nombreux téléchargements du document « la gauche d’après » sur le site de PRS (La gauche d'après (pdf)), les retours extrêmement positifs, prises de contact, demandes d’adhésion à notre association témoignent d’une disponibilité remarquable pour cette perspective. De plus, une convergence s’opère déjà avec d’autres. Samedi dernier, je participais à la réunion de Maintenant à gauche, carrefour de militants et responsables issus des collectifs unitaires antilibéraux, parmi lesquels Eric Coquerel, président du Mars-Gauche républicaine, Claude Debons, ancien coordinateur de l’appel du 29 mai et Christian Picquet, animateur de la sensibilité Unir de la LCR. Notez que Marc Dolez était également présent, quelques jours après avoir participé à notre propre Convention nationale. Je fus frappé de la grande proximité entre leur analyse de la situation (Introduction au débat du 7 juillet de "Maintenant à Gauche") et la nôtre. Eux aussi décrivent la victoire électorale de Sarkozy comme « le résultat d’un travail politique, idéologique et culturel ». Eux aussi analysent son projet comme « une rupture globale avec le modèle de société façonné par notre histoire : rupture avec le pacte social et républicain hérité de l’après-guerre, mais aussi avec l’héritage des Lumières et de la Révolution française. » Eux aussi pointent le vide politique à gauche, les « lourdes responsabilités » de l’autre gauche, sa « division » mais aussi son « déficit en termes de projet dès lors qu’il faut développer une cohérence globale alternative au projet sarkozien », comme celles de Ségolène Royal dont les « multiples références à Tony Blair (…) ont plus désorienté l’électorat de gauche qu’elles ne l’ont mobilisé. » Eux aussi estiment qu’il « ne suffira pas de construire une nouvelle petite formation à gauche de la gauche » mais qu’il faut conduire une refondation « en s’adressant à toute la gauche », « au cœur de la gauche et non à ses marges ». Eux aussi estiment que l’objectif doit être « l’émergence d’une nouvelle force politique (…) à l’image de ce qui vient de se concrétiser en Allemagne avec Die Linke ». Eux aussi appellent à asseoir cette nouvelle force sur un projet qui réussisse « la fusion du meilleur de la tradition du mouvement ouvrier et des combats républicains avec les nouvelles problématiques de contestation de l’ordre dominant », capable, « dans un contexte marqué par le double échec historique » du « communisme d’Etat » et de la « social-démocratie » de « reconstruire une perspective d’émancipation humaine répondant au capitalisme de notre temps ». Nous avons donc proposé à ces camarades de participer dans notre stand de la fête de l’Humanité à une initiative commune pour la force politique nouvelle. Ils y ont répondu favorablement. Chacun part en vacances de son côté, mais nous sommes déjà un certain nombre, socialistes, communistes, militants de l’autre gauche à avoir inscrit la même date de rentrée en première page de notre cahier de textes.

françois delapierre  dans À gauche

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