Tout arrive
Vous avez écouté la radio, ce soir ? Sur Inter, c’était la dernière d’un moment de liberté, d’un espace d’impertinence, d’un carré d’insolence… la dernière de «
Ils n’ont pas fait comme l’an passé, avec Là-bas si j’y suis, de Mermet. Pas fous, quand même, ils se sont fait avoir une fois, pas deux. Ça sert un peu, l’expérience ! L’an passé, ils l’avaient annoncé trop tôt. Du coup, on s’était mobilisés, on avait pétitionné, on avait signé, on avait rameuté les copains de partout, sur les blogs, sur nos courriels, partout, et à coup de SMS aussi, on s’était pas laissé faire. Mais là, ça nous est tombé dessus, tel l’orage, boum ! Plus de Bonnaud et de sa joyeuse bande de bras cassés, de paroles ouvrant les oreilles, la touche « Inter », quoi ! Comme disent les branchouilles : bon, ça, c’est fait ! Exit Bonnaud ! On a du mal à imaginer ce qui se passera à la rentrée, après le boulot, dans ton bureau, peinard, du thé chaud, la radio en sourdine, la radio qui te réveille, parce qu’au départ la radio, c’est quand même fait pour ça. Ce soir, à la fin de la fin de la dernière émission, il pleurait, Frédéric Bonnaud, il pleurait. Et ça s’entendait à travers le poste ! Alors, évidemment, tu pleurais avec, fatal. On assassine un peu la liberté, alors, nous ça nous fait pleurer. Ça nous met le cerveau en deuil, cette affaire… Il va nous rester quoi, sur Inter ? Bern ? Ouais… L’histoire à 13h30… Le petit gars avec qui tu ne meurs pas idiot de 2 à 3 la tête au carré, ça s’appelle. Fera pas de vieux os, celui-là non plus, c’est mal vu de jouer la carte de l’intelligence, sur les ondes. Souvenez-vous : Lodéon, déjà, qui avait fait le pari (et GAGNÉ le pari !) de faire écouter de la musique classique en plein après-midi, Lodéon, ils l’ont coincé à 9h du soir ! Bon dieu de sort, ils vont nous la bouffer jusqu’à quand notre radio de service public ? Ils cherchent quoi ? À faire de cette radio publique ce qu’ils ont fait de la télé ? Une espèce de pâle copie de la radio commerciale ? RTL modifié Europe 1. Yeeeessss! Avec plein de chansons américaines entre les pubs. Et plus grand’chose à écouter, seulement à entendre. De la radio à entendre… Inter: écoutez la différence qu’ils disaient… Tu parles ! Alors, demain, sur cette radio pas encore comme les autres, il va y avoir des moments de silence. Les copains s’associent, on a cru comprendre. Dans le studio, ce soir, ça se bousculait. Demain, ils feront silence, pour leur pote, viré comme un malpropre, pour cause de même pas arrogance, pour cause d’intelligence, pour cause de qualité. Demain, il faudra écouter ce silence, ce silence lourd de sens, lourd d’inquiétude, le silence de ceux qui craignent pour après. Nous, derrière nos postes, il nous restera à faire en sorte que cette radio-là reste encore « la différence »… À nos plumes, camarades !
brigitte blang prs 57