La laïcité dans l’entre-deux-guerres et le statut d’Alsace-Lorraine
Source : UFAL Flash
La période de l’entre-deux-guerres, rarement considérée comme une période charnière en termes de laïcité, est pourtant riche d’enseignements. La laïcité y apparaît rapidement comme une idée aux applications contrastées.
L’entre-deux-guerres n’est pas le temps de l’élaboration de la laïcité scolaire mais celui de son application. De ce fait, les hommes politiques ont tendance à ne pas penser que des enjeux majeurs se jouent. Pourtant, des choix sont faits, non pas de manière explicite lors de débats portant sur la question laïque, mais dans la pratique et au détour de débats plus généraux.
La laïcité, un symbole d’unité et d’universalité ?
L’exemple le plus frappant demeure celui du retour de l’Alsace et de
Lorsque le gouvernement du Cartel des gauches tente de le faire en 1924, il est très vite désarçonné par une mobilisation de l’épiscopat français, d’une partie de la population d’Alsace et de Moselle et des associations catholiques qui demandent le respect des consciences. En 1929, cette question vient enfin en discussion mais la situation est complètement nouée. Le débat oppose clairement les partisans d’une conception centralisatrice de
Pour les laïques, il s’agissait d’affirmer un principe universel. Il était alors inconcevable que la laïcité ne soit pas en vigueur sur l’ensemble du territoire français. Il en allait de l’unité du pays. Cet exemple traduit finalement le choix de ne pas considérer la laïcité comme un principe immuable et intangible, mais plutôt comme une idée qui peut être appliquée de façon contrastée lorsque les circonstances le demandent. Les désaccords portent bien souvent précisément sur ce « quand les circonstances le demandent ». L’affaire de l’Alsace et de
La limite géographique de la laïcité ne s’arrête pas au cas de l’Alsace et de
Se pose alors, aujourd’hui comme entre 1919 et 1939, la question de la juste application lorsqu’elle peut être différente selon les lieux ou autre déterminant. Il est souvent question de redéfinir la laïcité ou encore de l’adapter au vu de l’émergence de nouvelles religions dans la société française ; faut-il privilégier une unité d’application pour éviter le risque d’injustices ou bien favoriser la multiplicité pour adapter ce principe aux évolutions de la société française ?
[1] L’Alsace et
Audrey Baudeau est l’auteur d’une thèse intitulée « La question laïque en France dans le domaine scolaire pendant l’entre-deux-guerres 1919-1939 » Doctorat en Sciences de l’Education de l’Université de Paris 5 - Sorbonne soutenu le 16 juin 2006, sous la direction de Claude Lelièvre.