Lettre aux enseignants (28 mai 2002)
Nos professeurs ont besoin de reconnaissance, celle de la Nation, celle des pouvoirs publics. Leur tâche est difficile car l'école subit de plein fouet les évolutions sociales.
Une semaine après cette élection présidentielle hors normes -un véritable référendum pour la démocratie-, j'ai envie de m'adresser aux enseignants.
Pourquoi? Parce que les résultats du premier et du second tour, ce qu'ils révèlent sur la société française, confirment que le civisme, le sentiment d'identité nationale et européenne, les valeurs proposées aux jeunes et aux moins jeunes sont décisives. De ce point de vue, l'école est avec la famille, la clef de tout: c'est elle qui crée les conditions de l'intégration, elle qui peut donner son visage positif à l'autorité, elle qui transmet de façon ouverte les valeurs de citoyenneté. Dans notre société, beaucoup de nos concitoyens se retrouvent désemparés, déboussolés; nous devons réaffirmer que l'école constitue le socle de la Démocratie et de la République. Nous devons redire que le travail, l'effort, la laïcité, l'égalité constituent des références qu'il ne faut jamais perdre de vue. Les transmettre, soutenir les enseignants qui les transmettent, voilà un impératif absolu. C'est ce que j'ai appelé non pas moins à gauche, ou plus à gauche, mais mieux à gauche. ...
... Les professeurs ... remplissent la plus belle fonction, l'une des plus importantes, l'une des plus délicates. Ils souhaitent une chose, et ils ont raison: pouvoir vraiment exercer leur métier.
En écrivant cela, suis-je éloigné des leçons de l'élection présidentielle? Aucontraire, je pense être au coeur de celles-ci. Une société sans repères suffisants ni identité produit de l'incompréhension, du ressentiment, du désespoir et de l'extrémisme. Respect des enseignants et ancrage de la République sont étroitement liés. J'ai confiance dans notre République parce que j'ai confiance dans nos enseignants.
La rentrée scolaire (2 septembre 2006)
... Je veux rappeler aussi que, lorsque le service public recule, le service marchand avance. C'est ainsi que depuis quelques années on a vu se développer un véritable marché de l'aide aux élèves qui profoite évidemment aux milieux les plus favorisés. Il est temps de mettre en oeuvre l'aide gratuite après la classe pour les élèves des milieux défavorisés. Cela fait partie des 7 engagements pour 2007 que j'ai rendus publics la semaine dernière....
...Il faut revenir à une meilleure mixité sociale dans le recrutement des enseignants. Dans ce but, je suis favorable au recrutement de jeunes étudiants de milieux modestes dans les établissements scolaires pour assurer un encadrement supplémentaire avec un accès réservé à la fanction enseignante.
L'école a besoin d'un vrai changement en 2007. Pour moi, l'éducation sera le premier sujet, le premier budget, le premier projet.
(2 textes de Laurent Fabius)
Rien de bien neuf, sous le soleil de nos collèges, de nos écoles, de nos lycées... Rien de bien neuf, et pourtant... les mots pour le dire, qui font toute la différence. (prs 57)