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le blog de brigitte blang

l'actualité politique vue par une militante du parti de gauche.


Effet bô gosse, la suite…

Publié le 4 Mars 2009, 00:01am

Catégories : #un petit tour chez les socialistes

Samedi je me trouvais à Toulouse. C’était la réunion des délégués du Parti de Gauche de la grande circonscription du Sud-Ouest. Ils devaient sélectionner les candidats du Parti pour les élections européennes de juin prochain. Je sais donc, si je ne l’avais appris de mes expériences du passé, que ces sortes d’exercices ne sont jamais simples à conclure. Le nombre de places est limité, le nombre des candidats ne l’est pas. On arbitre donc entre des inconvénients. Bien sûr, pour nous, tout est plus simple puisqu’il n’y a aucun enjeu de pouvoir (je ne me fais pas trop d’illusion pour la suite), ni aucune divergence d’analyse sur le sujet européen comme c’est le cas à l’étape actuelle de la vie du Parti de gauche. Il en va tout autrement quand il s’agit du PS, premier parti de gauche, et censé être la relève de la droite. Du fait de sa place dans le paysage, les investitures au PS ont une signification qui dépasse les personnes qui sont les acteurs de la pièce qui se joue. Tout, ou presque, alors fait sens. Au terme de l’investiture des listes, l’état de coma politique dépassé est avéré pour le nouveau PS d’après Reims. Mais pour la roublardise: la forme est intacte!

 

 L’idole des femmes

 

Une fois passé l’effet bien normal que provoque l’auto congratulation des porte parole du PS, qui s’arrête un instant pour analyser ne peut qu’être frappé par le bilan politique réel. Bien sûr nous n’avons pas à juger de questions qui ne concernent que les adhérents du PS. Par exemple le choix des personnes. On demandera seulement à ne pas être trop pris pour des naïfs. Que Martine Aubry se vante de la parité sur les listes présentées est amusant. En effet cela ne résulte pas d’un choix mais d’une obligation légale. Les listes doivent être obligatoirement paritaires. Cependant on notera que sur sept têtes de liste en France métropolitaine, cinq sont des hommes et deux des femmes. Donc quand la parité n’est pas obligatoire, alors elle n’a plus lieu…. De même Martine Aubry aurait-elle mieux fait de ne pas se vanter d’un renouveau des candidats. D’abord parce que rien n’y oblige et que ce n’est pas une valeur en soi. Ensuite et surtout parce qu’elle savait bien que tout le monde sait lire et vérifier non seulement le nombre de sortants parmi les éligibles mais aussi le nombre de mandats successifs que ceux-là ont fait dans le même mandat. Mais c’est là de la petite bière. Elle n’implique que le sens du respect de l’intelligence des autres que se fait le PS d’une façon générale quand il communique. Le plus important c’est évidemment le signal politique que donne l’identité des têtes de liste. Il est caractérisé par le triomphe arrogant des partisans du «oui» qui monopolisent toutes les premières places et les quatre cinquièmes des candidats éligibles. Rien ne pouvait mieux afficher le positionnement politique confirmé au centre gauche du parti. Dans ce contexte, qu’il n’y ait aucune tête de liste issue de la gauche du parti n’est donc pas fortuit. C’est un acte volontaire, politiquement déterminé. Le PS se vante de la parité et de la «diversité» représentée dans ses candidatures. Mais il ne dit mot de la  place faite aux partisans du «non» au traité Constitutionnel. Cette place est résiduelle en nombre et nulle en affichage. Les moqueries sexistes et maternalistes de la première secrétaire que le porte parole de la gauche du parti accepte en ronronnant résume l’état de déchéance de cette aile du parti et des relations entre dirigeants du PS. Imaginons une seconde qu’un dirigeant masculin quelconque ait dit d’une dirigeante quelconque du parti ce qui a été dit par Martine Aubry à propos de Benoît Hamon si l’on en croit la dépêche de l’AFP: « Benoît n’a pas besoin d’être numéro un, c’est l’idole de toutes les femmes françaises, des grands-mères aux plus jeunes », a plaisanté Mme Aubry. Imaginez cette phrase adressée par un homme à une femme! Mais Benoît est un petit garçon et il se tortille en souriant quand la maman du Parti le taquine. Il laisse donc passer le message politique que cette grossièreté contient. La gauche du parti n’a aucune tête de liste? «Sois beau et tais toi!». Dans un tel abaissement des rapports politiques tout est possible. Et par exemple les termes incroyables utilisés par le grand féodal lyonnais, Gérard Colomb pour récuser Vincent Peillon comme tête de liste. Quand il le traite de «parachuté» il sait comme tout le monde que c’est absurde. Cette élection est purement nationale et d’ailleurs les circonscriptions n’ont aucune réalité territoriale. Mais l’usage de l’argument en dit long sur la façon dont de tels personnages se sentent dorénavant tous les droits dans leur zone de pouvoir. Celui-là ne le fait pas dire. Il l’assume. Il déclare: «je ne dois rien au Parti». Manquerait à ce tableau le clou du spectacle. Il s’agit de la synthèse générale conclue dans une joie de façade, encadrée avant et après de déclarations venimeuses de chacun contre tous. D’une façon magistrale est confirmé le diagnostic qui a fondé notre départ du PS. L’orientation d’une écrasante majorité est celle qui résulte de l’accord avec le Traité de Lisbonne, la gauche du parti est réduite aux os à ronger.

Jean-Luc Mélenchon

 

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