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le blog de brigitte blang

l'actualité politique vue par une militante de gauche.


La gauche pour qui, pour quoi ?

Publié le 27 Novembre 2008, 00:01am

Catégories : #à gauche - toutes !



Je n’ai plus d’illusions sur le Parti Socialiste

 

par Jacques Généreux, économiste, ex-membre du conseil national du PS.

 

La ligne politique que je crois la mieux adaptée aux défis du XXIe siècle, et la plus susceptible de s’opposer à la grande régression engagée par la droite, reste irréductiblement minoritaire au sein du PS. Ce constat, trop de fois confirmé, me conduit à quitter ce parti pour m’engager dans la construction d’un nouveau parti de gauche, socialiste, républicain, démocratique et résolument décidé à refonder l’union des partis de gauche autour d’un programme de gouvernement.

Tout au long des années 2000, aux côtés d’autres socialistes, je me suis engagé contre la dérive du PS et de ses homologues européens vers les politiques et les valeurs néolibérales (…). Face à cette dérive, bien des militants découragés ont déjà quitté le PS, tandis que d’autres, dont je fus, n’ont jusqu’ici pu se résoudre à abandonner le parti de Jaurès sans combattre pour sa renaissance (…). Mais voici venu le temps où la lucidité politique commande de reconnaître la défaite.

Les résultats du congrès de Reims sont à cet égard peu équivoques : la ligne résolument socialiste que j’ai défendue aux côtés d’Henri Emmanuelli et de Benoît Hamon est soutenue par moins d’un militant sur cinq ; en votant pour Ségolène Royal malgré l’opposition de tous les autres leaders du PS, 50 % des militants estiment que le clivage gauche- droite est dépassé, et que l’avenir de la transformation sociale passe par la mutation du PS en un parti démocrate allié au centre droit ; enfin, si la courte victoire de Martine Aubry est confirmée, c’est celle d’une coalition ambiguë intégrant les plus ardents défenseurs des options libérales, celle d’un front construit sur le rejet de Ségolène Royal, et non sur une ligne commune concernant des questions aussi essentielles que le libre-échange ou le traité de Lisbonne. (…)

Je n’ai plus d’illusion sur la capacité de la « gauche du PS » à constituer rapidement l’axe central de ce parti sur les questions économiques, sociales ou européennes. Qui plus est, même quand elle parvient à inscrire ses propositions dans le programme du PS, ce peut être en pure perte. Ainsi, en 2004, pour les élections européennes, au nom de l’unité et sous l’impulsion de François Hollande, le conseil national, unanime, a accepté en bloc la ligne défendue par Henri Emmanuelli et Jean-Luc Mélenchon, ligne selon laquelle la constitution européenne était en l’état inacceptable et n’aurait le soutien du PS qu’à un certain nombre de conditions. Mais cette ligne, qui valut au PS une grande victoire en juin 2004, était, dès le mois de juillet, piétinée par le premier secrétaire. Ce dernier entrait en campagne pour le « oui », engageant à sa suite une majorité de militants, quand bien même aucune des prétendues « conditions » proclamées devant le peuple français n’avait été seulement discutée.

Non contente de cette première trahison du suffrage universel, la direction du PS ne s’est pas dressée d’un seul bloc contre Nicolas Sarkozy quand celui-ci imposa la ratification parlementaire du traité de Lisbonne (traité strictement identique à celui que 55 %  des Français et les 2/3 des électeurs de gauche avaient rejeté). Le président de la République commettait un crime contre la démocratie, doublé d’un crime de haute trahison, puisqu’il s’entendait avec des puissances étrangères pour imposer un traité contre la volonté clairement exprimée par le peuple français. Face à pareille forfaiture, pouvait-on imaginer que nous, les socialistes, les héritiers de Jaurès et de la promesse d’une « démocratie jusqu’au bout », nous ne serions pas, cette fois au moins, unis du premier jusqu’au dernier, pour mobiliser le peuple contre la droite antidémocratique ? Eh bien, pire qu’une simple réticence à mener ce combat, nous eûmes quelques leaders visiblement satisfaits que, grâce à Sarkozy, on ait sauvé leur traité, contre le peuple ! Quelques leaders qui participeront peut-être à une direction du PS, d’ores et déjà décidée à construire un programme européen commun avec le PSE, c’est-à-dire avec tous les plus ardents défenseurs du traité de Lisbonne, qui ont désormais en tête une seule obsession : convaincre les Irlandais que leur « non » à ce traité n’est pas recevable, qu’ils doivent dire « oui » à ce qu’ils refusent, car désormais, dans l’Union européenne, il n’est de place que pour les peuples qui renoncent à leur souveraineté.

Un tel entêtement à bafouer la démocratie et une telle application à mépriser le choix des peuples ne peuvent que nourrir un ressentiment antisocialiste et anti-européen, dont le principal débouché politique sera la montée d’un populisme gauchiste ou nationaliste, au détriment d’une gauche de gouvernement pro-européenne. C’est pour combattre cette funeste perspective que, en 2005, j’ai mené une campagne nationale pour un « non » de gauche et pro-européen, un tour de France du « non » socialiste aux côtés de Marc Dolez et Gérard Filoche, une campagne unitaire avec les communistes, avec ATTAC, avec toutes les forces de gauche engagées pour une Europe du progrès social. Je ne vois pas avec qui d’autre que ceux-là je pourrais, en 2009, mener de nouveau une campagne pour cette Europe-là. (…)

Je prends acte de ce que la seule motion qui, selon moi, aurait dû arriver en tête dans un congrès « socialiste » et dans ce moment de l’histoire qui lui donne raison, est arrivée en queue avec 18,5 % des votes. En conséquence, à la suite de Marc Dolez et de Jean-Luc Mélenchon, je m’engage dans la construction du Parti de gauche.

J’appelle tous ceux qui m’ont fait jusqu’ici l’honneur de manifester leur soutien à mes engagements à nous rejoindre dans cette entreprise.

 (photo: PRS57, à Pantin le 8 octobre 2006)

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