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le blog de brigitte blang

l'actualité politique vue par une militante de gauche.


C’est un gâchis

Publié le 28 Août 2008, 23:01pm

Catégories : #un petit tour chez les socialistes


À la veille de la date sacrée (le si fameux rendez-vous de La Rochelle) chacun (et chacune, tiens donc !) au PS y va de son couplet et de son avis définitif sur l’avenir du parti, sur sa place propre à l’intérieur d’icelui, sur les chemins à prendre (et surtout à ne pas prendre, d’ailleurs !) pour que le dit-parti gagne à coup sûr la prochaine échéance électorale, et nos boites à courrier regorgent de messages amicaux et bien sentis. Pour peu que tu sois encarté chez les héritiers de Blum, Jaurès et Mitterrand réunis, mon camarade, tu ne sais plus où donner du clavier. Ma parole, on se croirait à la veille d’un congrès ! Je ne sais plus bien qui disait « Abondance de biens ne nuit pas… » mais là, ça fait beaucoup pour des yeux d’aoûtien, et même d’aoûtienne ! Pour la livraison de ce jour, nous vous avons sorti du tas un copain qui nous est le plus souvent doux à l’oreille, même s’il est parfois chagrin, chiffon, bougon. C’est vendredi, c’est Henri. Henri Emmanuelli, évidemment.

 

 

 

Sud-Ouest : A la Rochelle, le Parti socialiste ne risque-t-il pas d’être inaudible ?

L’économie de notre pays est en crise, tandis qu’en politique étrangère, M. Sarkozy l’a positionné sur un « alignement » sur les USA qui ne correspond ni à ses intérêts ni à son histoire. Paradoxalement, la situation du Parti socialiste est difficile. Pourtant, il aligne des forces considérables avec 200 députés, près de 100 sénateurs, 20 régions, 55 départements et la majorité des villes grandes et moyennes. Or, cette force potentielle n’est opérante ni aux yeux des Français ni pour les militants, alors que le PS n’a jamais eu autant de moyens à sa disposition dans l’opposition.

Y a-t-il un défaut de leadership ?

Je ne le crois pas. Nous n’avons pas de leader parce que nous ne faisons pas de politique. Mitterrand s’est imposé en 1971 grâce à une refondation idéologique du parti. Le PS ne manque pas d’idées, mais sur à peu près tous les sujets, il y a des imprécisions et des divergences qui rendent illisibles son action et ses perspectives. On doit se poser la question de savoir comment nous pouvons surprendre à la fois l’opinion publique et le pouvoir actuel, qui surfe davantage sur cette déficience de l’opposition que sur ses succès.

Alors, que proposez-vous ?

Le PS doit résoudre deux problèmes. Sa balkanisation et le flou de son projet de société. Chacun doit prendre ses responsabilités. Il faudrait lancer la convocation d’un congrès extraordinaire de reconstruction du parti. Le PS a 36 ans, il est temps de le faire.

Comment pouvez-vous l’imposer ?

Je ne suis pas du tout certain d’y arriver, mais j’ai un devoir de mise en garde. Le PS pourrait déjà se mettre d’accord pour s’opposer à une politique qui vise à appauvrir les catégories populaires et faire exploser les classes moyennes. On peut imaginer des conventions, sur l’investissement, la politique étrangère, la société solidaire. C’est au PS de faire comprendre que ce n’est pas dans l’égocentrisme individuel qu’on trouvera une solution à nos problèmes, mais au contraire dans la rénovation d’une société solidaire. C’est au terme de ce processus de vérification de nos propositions auprès de la base qu’on aboutirait à un congrès extraordinaire et à la mise en place d’une nouvelle direction. À mon avis, elle doit être plus ramassée et les structures de prise de décision doivent changer.

Sur quelles forces pensez-vous vous appuyer ?

Chez les députés, chez les sénateurs, chez les militants, il y a un sentiment d’insatisfaction très fort. Chez les Français aussi. Ou bien on reste dans le marasme et on le perpétue, ou bien nous avons un sursaut.

Olivier Besancenot traduit le malaise français dans le terme "exaspération sociale".

Les Français vont mal, mais en même temps, ils sont désabusés parce qu’ils ne voient pas d’alternative. Et c’est la responsabilité du PS. En résumant d’un mot, c’est le gâchis, à l’intérieur comme à l’extérieur. Parler du dalaï-lama pendant tout l’été, c’est humiliant, alors que l’Europe subit une épreuve redoutable avec l’affaire géorgienne. Par exemple, on a vu l’Otan se réunir avant le Conseil européen.

Vous ne pensez donc pas que le premier secrétaire a vocation à devenir candidat ?

Dans la situation actuelle, cette personne, quelle qu’elle soit, n’aura pas les moyens de redonner à ce parti la dynamique nécessaire. Le congrès la désignerait et, quinze jours plus tard, cela recommencerait. Aujourd’hui, nous sommes dans les combinaisons et la confusion.


Propos recueillis par Jean-Pierre Deroudille pour Sud-Ouest

 

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