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le blog de brigitte blang

l'actualité politique vue par une militante de gauche.


à réserver chez le libraire

Publié le 27 Mars 2008, 00:01am

Catégories : #un petit tour chez les socialistes

À paraître le 1er avril : Sarkonomics, Liêm Hoang Ngoc, ed. Grasset

Dans son ouvrage Sarkonomics, l’économiste Liêm Hoang-Ngoc décline les dix points clés de la doctrine sarkozyste en matière d’économie. Un programme à ne pas prendre pour parole d’évangile… Extrait.

Un jour sur la montagne, Sarkozy est monté. Et il a écouté. Dieu ? non, Reagan et les tenants d’un libéralisme pur et dur. Ceux qui avaient réussi il y a quelques années, non pas à faire de l’économie américaine une économie saine, mais à valoriser le capitalisme, lui offrant les habits du labeur et de la respectabilité.

Sarkozy l’a bien comprise, cette leçon qui consiste à subvertir la valeur-travail, tordre son sens originel pour y caser un programme injuste : vendre aux pauvres la valeur-travail, renforcer la valeur-fric pour ceux qui la connaissent déjà, prôner une « flexibilité » qui sonne plus comme intérim et précarité que comme « chouette, je m’adapte sans douleur aux variations de rythme de l’économie », gérer l’Etat comme un héritier inconscient, empressé de se débarrasser des vieilleries (EDF, GDF, SNCF…).


Un appel à la gauche

Liêm Hoang-Ngoc décline ainsi, au long de la centaine de pages de Sarkonomics, les dix commandements du délire sarkozyste : allongement de la durée de cotisation, précarisation de l’emploi, affaiblissement de la protection sociale, désengagement de l’Etat…

Dans le dialecte propre aux promoteurs d’une « France en mouvement », bizarrement, saccager la place de l’Etat se dit « moderniser », approfondir les fossés entre riches et pauvres se dit « réformer ». Le tout sans doute pour « mieux préparer la France à relever les défis de demain ». Plus qu’une analyse antisarkozyste, le livre de Liêm Hoang-Ngoc est un appel. Un appel à la gauche, pour qu’elle se réveille et sorte de son « désert d’avenir » et construise quelque chose. Un tirage positif à partir du négatif sarkozyste, en quelque sorte.

Extrait : La précarité tu répandras

Le problème du financement des régimes de retraite par répartition relève d’un problème classique de « partage du gâteau », dans la mesure où ces régimes sont financés par des cotisations sociales assises sur le salaire. Selon le rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) de 2003, la part du PIB nécessaire pour équilibrer le régime de retraite par répartition doit croitre de 6,5% d’ici 2040 (elle doit passer de 12 à 18,5% du PIB), sous les hypothèses d’une croissance annuelle modérée, de 1,75% et d’un taux de fécondité, relativement faible, de 1,8 enfant par femme, celui-ci conditionnant le niveau de la population active. Pour parvenir à cet objectif, l’allongement de la durée de cotisation et la baisse des taux de remplacement reviennent à faire porter les efforts sur les seuls salariés. Il y a d’autres solutions possibles. Le relèvement des cotisations sociales (également évoqué par le COR) ou l’élargissement de l’assiette de financement des retraites (à l’instar d’expériences étrangères) sont également envisageables du point de vue de l’équité. Elles reviennent à raboter un tant soit peu la part des profits, grands bénéficiaires du partage du gâteau de ces 25 dernières années, en les faisant contribuer à l’effort national en faveur de nos retraités. Toutefois, l’ « effort » que l’on demanderait ainsi aux actionnaires (ou, à défaut, une nouvelle fois au salarié), pourrait être relativisé car les hypothèses démographiques et économiques retenues par le COR sont des hypothèses si « basses » que le COR a lui-même été amené à les réviser en 2007. Les projections quant à l’évolution de la population active ont ainsi été revues à la hausse, notamment parce que le taux de fécondité français s’approche désormais du taux irlandais (plus de deux enfants par femme) et que le recours à l’immigration est plus important que prévu. Sous ces nouvelles hypothèses, le rapport actif-inactif se détend et le besoin de financement du système par répartition ne requiert plus que 2 à 5 points de PIB à l’horizon 2050. Ajoutons à cela que le taux de croissance potentiel (le taux que permettraient d’atteindre les capacités de production en hommes et en machines) est supérieur à 3%. Des investissements dans les secteurs innovants seraient même susceptibles de l’accroitre. Par conséquent, la reprise de l’emploi, liée à une croissance plus soutenue, engendrerait une hausse de la masse salariale qui induit mécaniquement une augmentation des recettes des régimes de retraite. Encore faut-il que la France ne se condamne pas à adopter des politiques économiques incapables de faire décoller la croissance.

En l’état actuel des choses, les régimes par répartition sont en vérité menacés par une croissance molle et par la stagnation, à un niveau trop faible, de la part des salaires dans la valeur ajoutée ; ces deux facteurs réduisent la taille de la part du gâteau à partager entre actifs et inactifs. Doit-on répéter que la part des salaires dans la valeur ajoutée s’est réduite de dix points au cours de ces 25 dernières années et qu’à l’exception des années fastes 1988-1991 et 1998-2001, la croissance annuelle moyenne a difficilement atteint les 2% ? Les politiques dites de « rigueur » monétaire, budgétaire et salariale, poursuivies au cours de cette période, ne sont pas étrangères au creusement du déficit des régimes sociaux et à la montée de l’endettement public…


Liêm Hoang-Ngoc est économiste, maître de conférences à l’université Paris I et chercheur au CNRS. Son ouvrage Sarkonomics, publié chez Grasset, sortira le 1er avril en librairie.

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D
Trouvant ceci dans mon courrier, je me permets de l'ajouter à votre article<br /> Liêm<br /> Hoang Ngoc sort un nouveau livre intitulé Sarkonomics aux éditions<br /> Grasset. Il sera disponible en librairie le 1er avril. Courrez l’acheter !<br /> « Les<br /> travailleurs tu exploiteras. Les chômeurs tu stigmatiseras. La précarité tu<br /> répandras. Les vieux tu feras travailler. Les caisses de l’État tu videras. Les<br /> bijoux de famille tu braderas. Des paquets fiscaux aux riches tu offriras. Les<br /> pauvres et les malades tu feras payer. Ton peuple tu ne consulteras pas. Tes<br /> habits neufs à la gauche tu prêteras. »<br />  Ainsi se déclinent les dix commandements de la<br /> Sarkonomics, pâle succédané de la Reaganomics que vénéraient, il y a près de<br /> trente ans, les néo-conservateurs américains, aujourd’hui largement contestés.En<br /> autant de courts chapitres traitant du pouvoir d’achat, de l’épargne et de la<br /> consommation, de l’emploi et des heures supplémentaires, des retraites, de la<br /> dette, du service public ou de l’Europe, ce livre démonte pas à pas les<br /> principes de la nouvelle politique économique de la France.Au<br /> nom de la lutte contre " l’immobilisme ", les " réformes "<br /> organisant la régression sociale généralisée sont aujourd’hui présentées comme<br /> les attributs d’une politique " moderne ". Contre l’enfer politique,<br /> économique et social vers lequel les dix commandements néo-conservateurs mènent<br /> la France, ce sont dix travaux d’Hercule qui attendent demain ceux qui seraient<br /> encore gaullistes au pays de De Gaulle, socialistes au parti socialiste.L’éditeur.<br />  
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