La gazette
En consacrant deux soirées entières à la Résistance, France 2 a incontestablement fait œuvre de service public. Des épisodes méconnus (une dure grève de mineurs en 1941) ont été rappelés, des documents inédits ont été exploités.
Mais ces deux « docu-fictions », qui ont remporté un vif succès, n'enjolissent-ils pas l'histoire de la Résistance ? Toute la France a-t-elle vraiment « grondé » contre l'occupant dès 1940 ? Le sauvetage des Juifs était-il vraiment la priorité des résistants, comme on pourrait le conclure en visionnant les docu-fictions de France 2 ?
Sur notre plateau, le producteur Christophe Nick raconte comment est née l'idée : en débattant avec des jeunes de banlieue, persuadés que toute la France s'était couchée devant l'occupant en 1940. Il débat avec Antoine Perraud, journaliste au site MediaPart, auteur de la critique la plus sévère publiée sur le documentaire. Reproches de fond, reproches de forme, se mêlent : Perraud reproche aussi à Nick, outre l'utilisation de reconstitutions, le ton chuchoté du commentaire, qui aboutit selon lui à faire patauger tout le monde, résistants et téléspectateurs mêlés, dans une sorte de « jacuzzi des Justes », expression qui fait bondir Christophe Nick.
Entre les deux, l'historien Jean-Pierre Azéma, spécialiste incontesté de la période, resitue les choses, et rappelle quand et pourquoi l'opinion française a basculé dans l'opposition radicale aux occupants. Il rappelle aussi quelques dérapages antisémites de quelques résistants illustres. Ce nécessaire débat vous attend ici (1). Et pour aller plus loin, tous les éléments de contexte sont ici (2).
Daniel Schneidermann
@rrêt sur images, n° 8
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