2 mai 1808
Les Madrilènes résistent à Napoléon
Longtemps adversaire de la Révolution de 1789, l’Espagne se rapproche de la France à la fin du 18ème siècle. Mais en 1805 le désastre de Trafalgar abat la flotte, et par là même la puissance maritime espagnole. Napoléon pense alors pouvoir mettre la main sur toute la péninsule ibérique. Le roi Charles IV et son fils sont poussés à l’abdication et Joseph Bonaparte s’assied sur le trône. Plongeant ainsi le pays dans une guerre terrible, une guerre d’aspiration à l’indépendance.
Le 2 mai 1808, la foule se presse dans les rues de Madrid. Il s’agit d’abord pour ce peuple humilié de montrer qu’il existe, face à l’armée de Murat. Une armée et ses chefs qui traitent les Espagnols par le mépris. Mépris qui va les perdre, eux qui ne connaissent pas le mot défaite. Alors se déclenche une répression sanglante. Pillages, viols, exécutions -le plus souvent sommaires- finissent d’emporter y compris les plus modérés des Madrilènes : il faut laver l’affront et renvoyer chez eux ces Français arrogants.
Depuis le Palais royal toute la ville s’embrase. Des fenêtres du palais, Murat observe les batailles de rues, premières scènes de guérillas connues.
Il est loin d’imaginer que cette troupe de « déguenillés » va mettre à mal la plus puissante armée du monde. Puissante peut-être, mais d’une cruauté hors du commun, due essentiellement à un encadrement au mieux défaillant, au pire inexistant. Lorsque les soldats qui se battent à Madrid sont commandés depuis Paris, nul doute que les rouages se grippent et que les scènes tiennent plus du massacre que de la lutte à armes égales.
En dépit du courage et de la détermination des Madrilènes, au soir de cette journée, Murat est vainqueur. Il a littéralement écrasé l’insurrection. Il va à présent faire savoir qui gouverne ce pays. Il faut faire des exemples ? On va fusiller sans attendre tout homme arrêté avec une arme à la main, fût-ce un gourdin, pour s’opposer aux baïonnettes ! Châtier les rebelles, voilà le mot d’ordre. D’autant que ceux-ci sont le peuple. La bourgeoisie, la noblesse et une partie de l’armée préfèrent continuer de pactiser avec l’occupant.
L’histoire serait trop simple si elle s’arrêtait là. Car l’insurrection madrilène a éveillé chez les Espagnols un tel sentiment d’injustice que ce 2 mai, ce Dos de Mayo, va servir de modèle à d’autres combats. Et attiser la conscience d’indépendance de tout un peuple. Toute l’Espagne va se lever et se précipiter au secours de Madrid contre l’envahisseur. Accélérant dès lors la défaite inéluctable de Napoléon.
Brigitte Blang