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le blog de brigitte blang

l'actualité politique vue par une militante de gauche.


À l'école, avec le grand Jaurès

Publié par Brigitte Blang sur 20 Octobre 2020, 23:00pm

Catégories : #billets d'humeur

À l'école, avec le grand Jaurès

21 octobre 1886

Discours de Jaurès sur l’éducation

Jean Jaurès a tout juste 26 ans, et il est député depuis à peine un an lorsqu’il monte à la tribune en ce jour d’octobre 1886 pour prononcer un discours qui fera date. D’abord parce que c’est une première fois pour le jeune élu. Surtout parce qu’il va s’emparer d’un « sujet qui fâche », dirait-on aujourd’hui. Il va parler d’école. Et qui plus est, d’école républicaine, publique, et en un mot laïque.

Il y défend le droit, le devoir, pour les communes d’ouvrir et d’entretenir des écoles primaires, lieux d’émancipation du peuple s’il en est. Lui aussi se réclame de Condorcet, en rappelant que l’école doit permettre aux enfants de s’extraire de la simple croyance pour accéder à la science. Et ce faisant, étrangement, il s’oppose à Ferry. Car si celui-ci fait appel au respect, au devoir, à l’obéissance, Jaurès, lui, évoque la dignité humaine, la justice, l’égalité, les droits et la citoyenneté. Et il proclame que la République, loin d’être neutre en matière d’enseignement, doit au contraire être le vecteur éclairé de l’universalité des droits humains essentiels qui constituent son socle inébranlable.

D’entrée, il propose son idéal de laïcité scolaire : l’enseignement ne doit faire appel qu’à la raison tout en garantissant la liberté de toutes les croyances, au nom du respect dû aux personnes. Il le répète : chacun est libre de croire. Mais chacun est libre aussi de critiquer les croyances !

Cette école, il la veut libérée des contraintes d’une formation professionnelle précoce, mais bien au contraire propre à donner à chaque élève la culture nécessaire à la pensée vivante, visant à un objectif d’instruction tout au cours de sa vie. Dans une école, Jaurès ne voit pas les visages de futurs travailleurs voués à faire tourner la machine économique. Non ! Il y voit des citoyens en devenir, des cerveaux qui apprennent à penser librement.

Jaurès est novateur. Il incite les communes à encourager les expériences pédagogiques audacieuses et soutient les premières associations de parents d’élèves.

Il insiste aussi sur le rôle des programmes et au-delà, des enseignants. Alors que Ferry voyait dans l’instituteur un « auxiliaire » des parents, Jaurès, lui, refuse que « l’école continue la vie de famille, car elle prépare la vie de la société ». Allant plus loin déjà, il dénie au prêtre le droit de se substituer à l’instituteur, comme il le refuse pour les tâches administratives ou de justice. Il fait en cela confiance à l’intelligence collective, comme ses prédécesseurs avaient pu le faire pour des institutions civiles concernant la naissance ou la propriété. Fidèle en cela à Hugo qui rêvait d’une école qui émancipe l’enfant de son père, du clergé et… du maitre d’école !

 « La démocratie a le devoir d’éduquer l’enfance ; et l’enfance a le droit d’être éduquée selon les principes mêmes qui assureront plus tard la liberté de l’homme. »

brigitte blang

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