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le blog de brigitte blang

l'actualité politique vue par une militante de gauche.


sous le signe de Prévert

Publié par Brigitte Blang sur 11 Avril 2020, 10:11am

Catégories : #un peu de ciné - de lecture - de culture

sous le signe de Prévert

Prévert, pour un printemps

Il y a quarante-sept ans, ce 11 avril, Jacques Prévert s’en allait suivre les escargots, ceux qui vont à l’enterrement d’une feuille morte.

Il dort au creux d’un vallon normand, face à la mer, au bout de la Hague, à Omonville. La maison se visite, son bureau est intact, le jardin est un bonheur. Si vous passez un jour par là-bas, pas bien loin de Cherbourg, faîtes le détour, ça vaut le coup. Juste à côté, dans le petit cimetière, Alexandre Trauner, le magicien des ombres et des lumières, celui qui donna vie aux films de Carné, et aux autres. Une compagnie de doux rêveurs. Ne manque plus que Doisneau, pour que le tableau soit complet. Pour lui dire une fois encore merci de nous avoir tant et tant appris, et l’amour, et l’amitié, et le partage, et les enfants, proposons-nous cette semaine de relire quelques-unes de ses pages. Pour commencer, ce soir, ces lignes de Doisneau, justement, qui ouvrent un album magnifique : « Rue Jacques Prévert », Prévert et Paris, comme on les aime.

brigitte blang

 

 Jacques Prévert à Paris.

Jacques Prévert prenait toujours le temps de répondre aux lettres que lui adressaient les enfants. Et pas seulement avec quelques mots condescendants comme il est d’usage chez les grandes personnes. Par plaisir, il illustrait ses messages d’un semis de fleurettes de toutes les couleurs. Une telle complicité avec les petits lui évitait la fréquentation des notables qui suent l’ennui…

Pour mon plaisir, je vous inflige le souvenir d’une rencontre matinale au tabac du boulevard Rochechouart. Pendant qu’il achetait ses cigarettes, je regardais une grande fille pâle appuyée au comptoir, très maquillée, avec d’immenses yeux noirs, une belle fleur de nuit, attirante avec un charme vaguement inquiétant. Jacques Prévert me prend par les bras, il avait suivi mon regard, et, voix basse : « Touche pas, c’est vénéneux. »  Un conseil de frère aîné.

Ce frère aîné qu’un Quatorze Juillet j’ai guidé rue de Nantes. Une entrée triomphale sous les lampions. Assis sur le capot de la voiture, un officiel à brassard « COMITE », passablement beurré braillait : « Presse ! Presse ! » Ensuite nous avons rencontré une lointaine cousine devenue tenancière de bistrot. Quelle belle journée républicaine !

Aujourd’hui, je cours moins les rues, le pied est peut-être moins aérien mais surtout, il me manque celui qui disait : « C’est toujours les rues des plus pauvres quartiers qui portent les plus jolis noms. »

C’était bien trouvé. Alors, pour voir, j’irai me balader encore une fois, tout seul, dans la rue des Cinq-Diamants à la Butte-aux-cailles.

Robert Doisneau.

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