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le blog de brigitte blang

l'actualité politique vue par une militante du parti de gauche.


26 mars 1997, sortie de Reprise

Publié par Brigitte Blang sur 26 Mars 2019, 01:23am

Catégories : #un peu de ciné - de lecture - de culture

26 mars 1997, sortie de Reprise

Juin 68, à l’usine Wonder, c’est la reprise, à contrecœur, à contre-espoir. Au portier, deux étudiants filment. Dans le brouhaha, une fille crie. Elle n’y mettra plus les pieds dans cette taule pourrie, cet atelier dégueulasse, et les délégués n’ont qu’à aller le faire ce sale boulot, tout ça pour ça, pour des semaines de salaire paumé.

C’est le retour sur terre, la défaite, les ouvriers tête basse, entrant devant un cadre aboyeur. Et la fille, elle est rentrée, pour finir ? C’est là que l’aventure de Hervé Le Roux commence. Cette image l’a poursuivi tant et tant qu’il s’est posé la seule question qui vaille : « C’est qui ? ». 30 ans plus tard, il s’y est attaqué : retrouver la fille qui crie. Et en faire un film.

On suit l’enquête. On va tous les revoir, les acteurs de la scène, et laisser les souvenirs s’imposer. Chacun raconte sa grève, sa vie d’alors, celle d’après. Ah c’est Raymond, et Janine, et Poulou, et la mère Campin… Les délégués, qui pensaient qu’on était sur la bonne voie, et qu’on finirait par avoir plus. Les ouvriers, souvent à la retraite, les désabusés, les encore militants qui croient toujours au grand soir. Tout revient : les conditions de travail innommables, les deux douches installées après 68, et la pause-toilettes enfin accordée (5 minutes, quand même…), et l’embauche après le certificat d’études, même si on se sentait capable de devenir institutrice, et les promotions qui fabriquent du petit chef. Et toujours, la fille au chignon sage qui crie, comme un signal qui déclenche la machine à remonter le temps. Tous sont là, et les années ont passé sur eux, qui font vivre l’histoire des ouvriers de ce pays, les luttes, les paroles données et envolées, le capitalisme et son valet le paternalisme… Devant nos yeux, l’histoire se raconte, sur un coin de table de cuisine ou de bistrot, ou dans un jardin partagé. On sent bien qu’il a laissé le temps au temps, qu’il les a écoutés tous, sans complaisance pour les « jaunes » et sans condescendance pour ceux qui parlent avec juste ce qu’il faut de nostalgie de ces années-là où on pouvait encore croire changer la vie. Cette fille qui crie, elle n’est pas un symbole de révolte, elle est LA révolte.  

On ne dira pas la fin. Pour les gens de Wonder, il faut voir ce film, le diffuser dans les CE, les AG, les UL, partout où il dira ce qui fait la grandeur de la classe ouvrière. À l’ENA aussi, pour leur rappeler d’où on vient tous, et de quoi on est capables, si on nous pousse un peu. Rêvons. La révolte germe en nos cœurs…  

Brigitte Blang

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