3 avril 1945, mort de Jean Burger.
Jean Burger, instituteur mosellan. Et aussi communiste et résistant. Ce qui n’allait pas obligatoirement de soi après 1940.
Dès les années 30, il avait choisi d’enseigner dans les territoires industriels du département, ce qui le conduisit vite à s’engager auprès du Parti communiste et du mouvement pour la Paix et contre le fascisme. Rien d’étonnant donc, à ce qu’on le retrouve au côté de la République espagnole, recrutant pour les Brigades internationales.
Mobilisé en septembre 1939, fait prisonnier en juin 40, il s’évade en 41. Pour retrouver la Moselle annexée par le Reich hitlérien. Ici, comme ailleurs en France, certains choisissent de dire non.
Cheville ouvrière de la résistance communiste en Moselle, il crée le groupe Mario. Lui et ses camarades harcèlent l’occupant. Aucune propagande, aucun acte de sabotage auxquels ils ne soient impliqués. Tracts, graffitis rebelles, levée du drapeau tricolore aux frontons de mairies le 11 novembre 42, incendies de vivres destinés à l’occupant, mises à sac de gares d’où partent les incorporés de force dans la Wehrmacht, mais aussi utilisation obstinée de la langue française, pourtant interdite, et refus du salut nazi. Résistance à la germanisation forcenée imposée aux Mosellans. Et qu’il nous a semblé important de rappeler ici, tant la complexité de la situation de ce département a souvent occulté les milliers d’hommes et de femmes, engagés auprès de Mario et oubliés de l’histoire « officielle ».
Comme souvent, une trahison va permettre aux nazis d’arrêter Jean et ses amis. Le groupe est décimé. Un tiers de son effectif est enchainé dans les sous-sols de la Gestapo à Metz. L’avancée des armées alliées accélèrent les transferts vers les camps. Pour le groupe Mario, ce sera Dachau, Auschwitz-Monowitz, et enfin Dora, à la suite d’une marche forcée et mortelle. Dora où il va mourir, sous un bombardement, le 3 avril 1945, sa jeune vie donnée à la France. Comme celles de dizaines d’autres, morts pour la liberté. Tous ceux qui, venus d’ailleurs pour enrichir cette terre ouvrière, périrent aussi au nom de la fraternité des peuples, dans les camps et les geôles nazis. Ceux qui pensaient que leur mort comptait peu, pourvu qu’ils aient au moins fait leur devoir. Comme Jean Burger.
brigitte blang